1600-1100 av. J.-C

L’Athènes mycénienne

Habitée dès la période néolithique, c’est vers 1400 av. J.-C. qu’Athènes s’affirme en tant que centre mycénien relativement important. Quelques humbles traces architecturales appartenant à un genre de palais, découvertes sur l’Acropole, ainsi qu’une partie des remparts datant de la période mycénienne donnent l’image d’une citadelle fortifiée.

Xe – VIIIe s. av. J.-C

Vers l’émergence d’Athènes

Dans son passé lointain, Athènes formait avec d’autres petites cités primitives avoisinantes une agglomération. L’unification de ces cités, connue sous la fondation très particulière de synœcisme, est attribuée à Thésée et on estime qu’elle a eu lieu entre, peut-être, le Xe et le VIIIe s. av. J.-C. C’est grâce à cette union que l’Attique formera un État, et qu’Athènes émergera comme son indiscutable capitale.

VIIIe siècle av. J.-C – VIIe siècle av. J.-C

Athènes, la polis

Même si Athènes est devenue une polis vers la fin du VIIIe siècle av. J.-C., ce n’est pas pour autant que les querelles dans la région d’Attique prennent fin. Une aristocratie guerrière maîtrise les terres, la vie politique, les principaux sacerdoces, la justice et le droit. La plus grande masse de la population est donc une sorte de clientèle constituée par des paysans dépendants. Le petit nombre des paysans libres est assez aisé pour se payer une « panoplie » (les armes), servir dans la phalange des « hoplites », et constituer de la sorte la force militaire d’Athènes.

Vers 630 av. J.-C

L’Acropole en siège !

Athènes entre de force dans l’histoire à proprement parler vers 630 av. J.-C. lorsqu’un certain Cylon, vainqueur aux Jeux olympiques, s’empare de l’Acropole aidé par le tyran de Mégare, Théagène, son beau-père. Mégaclès, un archonte (chef politique) d’Athènes, lance l’appel au peuple qui prend les armes, assiège l’Acropole et finit par la libérer de ses usurpateurs. Voici donc un épisode qui, pour la première fois, met en avant un corps qui commence à peser lourd dans l’histoire d’Athènes et qui marquera à jamais son évolution : le peuple, le démos. La voie vers la démocratie vient d’être tracée !

VIe siècle av. J.-C

Et la démocratie fut !

A l’aube du VIe siècle av. J.-C., Solon marque les débuts de la longue période vers la conquête de la démocratie. Celle-ci débute en 594 av. J.-C. par la proclamation de siesactheia, la « levée du fardeau », en d’autres termes l’abolition des dettes qui accablaient les paysans athéniens. L’aristocratie se trouve alors démunie de ses privilèges et se limite à rendre la justice selon le nouveau code institué par Solon. Le long chemin, non sans troubles violents, vers l’instauration de la démocratie est tracé.

561-528 av. J.-C

La tyrannie de Pisistrate

Vers 561 av. J.-C., Pisistrate s’empare du pouvoir. Semblable à un tyran démagogue de l’époque archaïque, il respectera toutefois la législation de Solon et exerce le pouvoir avec modération. Cette sorte de tyrannie « éclairée » va être suivie par les deux fils de Pisistrate, Hipparque et Hippias, jusqu’en 510 av. J.-C. Pendant cette période, les arts et les lettres au service de la politique à larges vues vont se développer à pas décisifs. L’Acropole va être aménagée, la sculpture et la peinture fleurissent, les travaux publics font d’Athènes une grande cité, les Panathénées et les concours dramatiques sont instaurés.

Fin du VIe s. av. J.-C

La réforme de Clisthène

L’aventure vers la conquête de la démocratie s’accélère à la fin du VIe siècle av. J.-C. En effet, Clisthène, le « père de la démocratie », proclame l’isonomie, selon laquelle tous les citoyens devenaient égaux devant la loi. Par ailleurs, les réformes clisthéniennes minent sérieusement les fondements des classes aristocratiques et réussissent à souder la majorité des Athéniens. C’est grâce à cette unité de la nouvelle « cité-nation », unique en son genre dans le monde grec, qu’Athènes sortira vainqueur des guerres médiques.

Ve s. av. J.-C

L’âge d’or

Athènes se révèle être le grand vainqueur des guerres médiques (490-478 av. J.-C.). Ainsi, la cité sort de l’espace restreint de l’Attique et devient une force thalassocratique redoutable. C’est dans ce contexte qu’arrive le « siècle de Périclès », la période pendant laquelle la démocratie atteint son apogée. Pendant cinquante ans, Athènes maintient sa puissance. L’évolution philosophique, artistique et culturelle fait de cette cité-État « l’École de la Grèce », selon Thucydide.

431-404 av. J.-C

La guerre du Péloponnèse

Alors qu’Athènes s’enivrait de sa prospérité, son ennemie jurée et de longue date, Sparte l’oligarchique, cherche à mettre fin à l’émergence de la cité et son emprise sur le monde égéen. La guerre du Péloponnèse va donc être le champ d’une opposition féroce entre deux cités rivales, deux modèles politiques et économiques opposés, deux puissances à intérêts conflictuels. A l’issue de cette guerre, Athènes est affaiblie et, malgré ses efforts, elle ne saura pas faire face à l’assaut de Philippe, le roi de Macédoine, la nouvelle puissance qui s’empare de l’Égée.

338 - 200 av. J.-C

L’Athènes hellénistique

Il est d’usage de considérer que la bataille à Chéronée (338 av. J.-C.), où se sont affrontés la coalition des cités grecques et Philippe II, met fin à la cité d’Athènes. Or, ce qui est mort à cette date-là, ce n’est pas la cité mais Athènes en tant que grande puissance. Aristote, Démosthène et Ménandre vécurent à cette époque-là. Même si Athènes ne rayonne plus comme pendant le Ve siècle av. J.-C., elle reste une grande cité dont l’influence intellectuelle et culturelle continue de s’étendre sur le monde méditerranéen.

146 av. J.-C -267 apr. J.-C

La période romaine

En 146 av. J.-C., Athènes se soumet aux Romains. Elle mise à nouveau sur son héritage culturel ainsi que sur la politique des empereurs romains visant à promouvoir le développement des villes grecques et elle reprend la route de la prospérité, réservée cette fois-ci à une élite restreinte. Sous l’Empire romain, la ville est dotée de monuments, de bâtiments publics, de sanctuaires, de lieux de spectacles. Ainsi, deux siècles et demi se déroulent avant qu’Athènes ne se couvre littéralement de cendres, suite à l’invasion dévastatrice des Hérules.

395-1456 apr. J.-C

La période byzantine

L’an 395 apr. J.-C. marque la concession d’Athènes à Byzance. Les écoles philosophiques sont fermées, les temples se transforment en églises chrétiennes. Durant la période byzantine, Athènes traverse des étapes de développement variables. Entre les XXe et XIIe siècles, elle est décrite comme une belle ville peuplée, entourée de champs fertiles. A la fin du XIIe siècle, pillée par les Sarrasins, elle devient une proie facile pour les Francs, en 1204. Puis elle passe sous la domination des Catalans, des Napolitains et des Vénitiens. Les Ottomans finissent par conquérir Athènes en 1456.

1456-1833

L’Athènes ottomane

Sous l’Empire ottoman, Athènes est une ville qui dépasse les 10 000 habitants.  La ville se limite à l’actuelle place de la Constitution (Syntagma), Plaka, Monastiraki et Gazi. Lors des guerres vénéto-ottomanes, Athènes reçoit deux coups dévastateurs. En 1466, elle est saccagée par les forces de l’amiral vénitien Vincenzo Capello. En 1687, les Vénitiens, menés par Morosini, assiègent Athènes : une poudrière explose et endommage sérieusement le Parthénon. Athènes sera définitivement libérée des Ottomans en 1833.

1834

Athènes, capitale de la Grèce

Au lendemain de la proclamation de son indépendance, rien ne laissait envisager qu’Athènes serait la capitale du nouvel État grec. Étant à l’écart des enjeux politiques de l’époque, la ville émerge comme la meilleure solution. On pouvait y appliquer l’idéal « néoclassique », tant voulu par le roi Othon, on pouvait faire appel à son passé antique pour plaider la continuité interrompue de la nation grecque. En 1834, le roi grec Othon de Bavière visite pour la première fois Athènes. Quelques mois plus tard, Athènes est devenue la capitale du pays, le théâtre d’opérations de l’histoire moderne et contemporaine de la Grèce.

1797-1864

Yiannis Makriyiannis

Makriyiannis, né Ioannis Triantaphyllou, figure parmi les plus fervents inspirateurs de la guerre d’indépendance grecque de 1821. Après avoir participé à plusieurs batailles décisives menées contre l’armée ottomane, le 1er janvier 1823 il est nommé responsable de l’ordre public d’Athènes libérée. Lors de la contre-attaque et du débarquement de l’armée ottomane et égyptienne sous les ordres d'Ibrahim pacha à Pylos, au sud-est du Péloponnèse, en 1825, il contribue à la défense de la région. En 1826, il se met à la tête des opérations de défense de l'Acropole, assiégée par les forces de Rachid et Omer Pacha. Après la libération de la Grèce, en 1829, Makriyiannis est nommé par le premier gouverneur grec, et Ioannis Kapodistrias, commandant en chef de la force exécutive du Péloponnèse. C’est alors qu’il commence à écrire ses Mémoires (1829-1850), l’œuvre qui lui vaut sa renommée jusqu’à nos jours. Bien que complètement analphabète, Makriyiannis lègue par ses textes un trésor historique et littéraire d'un grand souffle et d'une authenticité saisissante et c’est ainsi qu'il figure parmi les précurseurs de la littérature moderne grecque. Homme politique et militaire intègre, intransigeant, d’un jugement solide, il est à jamais associé à la révolte du 3 septembre 1843, suite à laquelle le roi Othon est contraint d’accorder au peuple grec le droit d’élaborer une constitution. Accusé en 1852 d'avoir participé à un complot d’assassinat du roi, il est jugé coupable et condamné à mort, en 1853. Gracié et libéré un an plus tard, il sort de prison brisé et se retire de la vie publique. Il ne revient qu’en 1862, lors de l'insurrection du 10 octobre qui finit par la chute d'Othon. Parmi les insurgés, les fils de Makriyiannis, dont Othon, filleul du roi, qui s’introduit au palais, s’empare de la couronne royale et l’offre à son père comme butin de guerre. La foule enthousiaste de la fin de la royauté, porte Makriyiannis en triomphe à travers les rues d’Athènes. Élu député, il meurt trahi par son état physique presque deux ans plus tard.

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3 septembre 1843

La proclamation de la Constitution

Le premier roi de la Grèce, le seul d’ailleurs à porter ce titre, Othon de Bavière, a mené une politique autoritaire et d’austérité. Le mécontentement grandit et conduit à la destitution du roi en 1862. Entretemps, le 3 septembre 1843, à la suite d’un mouvement unissant la majorité du peuple, le roi est obligé de céder à la revendication des insurgés et à la constitution. Depuis cette date, la place qui se trouve devant l’assemblée actuelle grecque, palais royal à cette époque-là, prend le nom de la place de la Constitution. Dorénavant, la place Syntagmatos sera le lieu des rassemblements et des manifestations.

1864-1936

Eleftherios Venizélos

Homme politique, né en Crète, il figure parmi les plus proéminents Premiers ministres de la Grèce moderne. Son premier mandat électif est effectué en Crète (1899), un an après la déclaration d’indépendance de l’Empire ottoman. E. Venizélos, à la tête du parti libéral et Premier ministre depuis 1910, mène une politique de modernisation du pays. Adepte passionné de l’union de l’île avec la Grèce (1913), diplomate doué et homme politique de grande notoriété, il prône la « Grande Idée », à la veille des guerres balkaniques et de la Première Guerre mondiale. Cette « Idée » consistait à étendre le territoire grec au monde hellénistique d’antan : le détroit du Bosphore, Constantinople et une partie de l’Asie Mineure peuplée de Grecs. Projet ambitieux ou piège, Venizélos comptait sans les jeux entre les Alliés. Toutefois, allié fervent de l’Entente, il voit une partie de son projet se réaliser à la signature des traités de Sèvres et de Lausanne. Il finit ses jours exilé en France, condamné à mort par contumace par ses ennemis monarchistes et d’extrême droite.

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1912 – 1913

Les guerres balkaniques

A l’issue des guerres balkaniques, la Grèce voit sa superficie et sa population doubler. La Macédoine et l’Épire, les îles de la mer Égée sauf le Dodécanèse font désormais partie du pays et l’indépendance de la Crète est reconnue par l’État grec. Athènes n’est plus le centre des décisions politiques d’un petit royaume fermé sur lui-même. La politique victorieuse menée par le Premier ministre Elefthérios Venizélos a suscité en Grèce l’espoir d’un pays moderne et puissant.

1918

La Première Guerre mondiale

Officiellement, l’entrée de la Grèce dans la Première Guerre mondiale date de 1918 et ne se fait pas sans heurts. En effet, le roi grec d'origine germanique, Constantin Ier, sensible à une alliance avec la Triplice, prône la neutralité de la Grèce. Le Premier ministre, E. Venizélos, s’oppose aux desseins du roi philogermanique grec. Congédié par le roi, Venizélos forme un gouvernement provisoire à Salonique. Les Alliés forcent le roi à abdiquer et c’est ainsi que la Grèce rentre dans le camp des vainqueurs et accède à de nouveaux territoires, notamment Smyrne, l’actuelle Izmir, en Asie Mineure.

1919-1922

La guerre gréco-turque

En 1919, les Alliés déclarent la guerre à l’Empire ottoman. La Grèce participe à leurs côtés et mène l’ «Expédition de l’Asie Mineure ». Venizélos, encouragé et soutenu par la France et l’Angleterre, les vainqueurs de la Première Guerre mondiale, fait débarquer l’armée grecque à Smyrne (Izmir). Le désir du Premier ministre grec était de voir les Ottomans capituler avec en tête la « Grande Idée » : l’expansion territoriale grecque au-delà de la mer Égée. Or, l’armée grecque va connaître en 1922 une lourde défaite face à l’armée turque obéissant à Kemal Atatürk. Le nationalisme grec prend le plus grand coup de son histoire, mais ce n’est pas pour autant qu’il a disparu.

1922

L’Athènes d’après l’expédition en Asie Mineure

Suite à la défaite désastreuse de l’armée grecque en Asie Mineure (1922) et le traité de Lausanne (1923) instituant l’échange des populations entre la Grèce et la Turquie, la carte démographique du pays change dramatiquement. La population à Athènes augmente de 192 080 immigrés et de 129 380 réfugiés alors que les locaux ne dépassent pas les 28 % de la population totale, selon le recensement de 1928. La capitale grecque commence à s’industrialiser et la première main-d’œuvre provient des réfugiés, installés, au début, dans les baraques des faubourgs de la capitale.

1941-1945

L'occupation allemande

La Grèce sort victorieuse de la guerre contre l’armée italienne (1940-1941) qu’elle repousse au-delà de l'Épire du Nord et les forces de l’Axe reçoivent leur premier coup. Cette victoire accélère l’intervention des troupes allemandes en Grèce. L’armée grecque est défaite en 1941 et le pays est occupé. Une période farouche commence. Suite au pillage des ressources et des vivres, Athènes compte en hiver 1941 à peu près 64 000 morts, suite à la « Grande Famine ». La capitale grecque sera libérée par les maquis d’ELAS, le plus grand groupe armé de la résistance, le 12 octobre 1944.

1944

Les événements de décembre

La grande influence que le Parti communiste grec avait acquise au sein de la Résistance allait à l’encontre des intérêts britanniques en Grèce. Le 3 décembre 1944 ont lieu des affrontements dans les rues de la capitale entre, d’une part les corps britanniques, la gendarmerie grecque, une milice constituée des collaborateurs nazis, et, d’autre part, les résistants de l’EAM (FLN). Athènes, épargnée des bombardements allemands pendant la guerre, est meurtrie par les rafles de l’aviation britannique. Jusqu’en 1945, une guérilla sanglante secoue Athènes. La guerre froide est là, la guerre civile grecque (1946-1949) se profile.

Aris Velouchiotis

1905-1945

Aris Velouchiotis, né Thanassis Klaras, militant communiste, organise les premiers groupes armés résistants contre les occupants allemands au début 1942, sur les montagnes de la Grèce centrale. De ces groupes va naître l’ELAS (Armée grecque pour la libération), le corps armé de l’EAM (FLN), qui compte à la fin de la guerre plus de 100 000 membres. Velouchiotis devient un kapetanios (général en chef) incontesté et approuvé par la majorité de ses compagnons mais aussi par le peuple grec qui, grâce à l’ELAS, se voit libéré puis auto-administré, ville après ville, du joug allemand. Après la Libération, il s’oppose à la décision des dirigeants du FLN de signer l’accord de Varkiza (1945) qui exigeait le désarmement des résistants contre l’amnistie et l’épuration. Désavoué par le parti communiste grec, il reprend la route des maquis alors qu’à Athènes les répressions et massacres contre les anciens résistants ont déjà commencé. Pris au piège par un corps paramilitaire, il se suicide avec une grenade le 16 juin 1945. Sa mort marque les débuts d’une des plus obscures et sanglantes périodes de l’histoire contemporaine grecque : la guerre civile (1946-1949). Cette guerre laisse 150 000 morts, un tribut lourd que la Grèce paie à la guerre froide. Ce déchirement du pays laissera des séquelles qui influenceront considérablement la vie politique du pays jusqu’à une époque récente.

1950-1960

L’Athènes des années 1950-1960

Pendant la guerre civile, un mouvement migratoire vers les grandes villes de la Grèce commence. Le plus grand nombre de migrants s’installe dans la périphérie d’Athènes. Au cours de deux décennies, la population de la capitale grecque, tenant compte des réfugiés d’Asie Mineure, double. Athènes devient le pôle essentiel du développement économique, des intérêts et enjeux nationaux. L’industrie lourde se concentre autour d’Eleusis à l’ouest, alors que l’est, au détriment de l’Hymette et du littoral vers Sounion, est réservé aux habitations des classes aisées montantes. L’Attique est divisée en deux.

1967-1974

La dictature des colonels

C’est dans un climat d’instabilité politique que se produit, le 21 avril 1967, le coup d’État de Papadopoulos, Pattakos et Makarézos. S’appuyant sur l’armée, les trois militaires instaurent un État policier pendant sept ans. L’opposition est neutralisée, les chefs des partis arrêtés ou forcés à l’exil, alors que la torture devient le moyen d’empêcher toute résistance. Les déportations, notamment d’intellectuels, vers les îles de Yaros et Leros vont dans le même sens. Le slogan de la junte militaire voulait tout dire : « La Grèce des Grecs chrétiens ».

1919-1999

George Papadopoulos

Symbole de l’obscurantisme et du pouvoir coercitif imposé en Grèce pendant la « dictature des colonels » (1967-1974), G. Papadopoulos, militaire, participe au coup d’État de 1967 et forme avec les deux autres chefs de la conjuration, N. Makarezos et S. Pattakos, un gouvernement qui érige en routine l’autoritarisme, l’oppression et la torture pendant sept ans. Il devient successivement Premier ministre, régent de Grèce et, après l’abolition de la monarchie en 1973, chef de l’État. Arrêté en octobre 1974, après la restitution de la république, il est jugé coupable pour haute trahison et est condamné à mort par peloton d’exécution, peine transformée en prison à vie. Il a purgé sa peine jusqu’à sa mort.

17 novembre 1973

En novembre 1973, dans l’enceinte de l’École Polytechnique d’Athènes, se barricadent des étudiants, des lycéens, des ouvriers et des citoyens qui pendant plusieurs jours manifestent contre la dictature. Les chars militaires prennent place devant le parlement et les autres points stratégiques de la ville. Les dictateurs interviennent, laissant derrière eux, officiellement, 34 morts. Cette révolte organisée, dont la lutte a rapidement gagné l’ensemble du pays, a contribué au réveil des consciences et marque le début de la fin de la dictature.

1974-1981

La restitution de la démocratie

La chute de la dictature en 1974 advient suite à l’invasion de Chypre par la Turquie. Le référendum qui est aussitôt organisé règle définitivement le système politique du pays qui retourne à la démocratie : ce sera une République ! Constantin Caramanlis en est le Premier ministre : respecté par tous et farouchement pro-européen, il sera l'artisan de l'entrée de la Grèce dans la CEE (1981).

1981-2000

Les années d’espoir et de désillusion

Les années 1980 sont marquées par la victoire historique du parti socialiste (PASOK). En 1981, Andréas Papandréou remporte les élections et reste au pouvoir pendant sept ans. Son gouvernement finit par être impliqué dans des scandales politico-économiques qui se poursuivent au cours des années 1990 et 2000. Deux grandes familles politiques vont se partager le pouvoir en alternance, le PASOK de Papandréou et le parti néo-libéral Nouvelle Démocratie de Constantin Mitsotakis, le père de l’actuel Premier ministre grec. Les années 1990 et 2000 sont fastes pour la Grèce qui semble crouler sous l’argent « gratuit » de Bruxelles. Corruption et népotisme battent leur plein alors que le pays rejoint l'Union monétaire européenne en trafiquant ses résultats économiques.

2010-2021

Les années de crise économique

En 2009, le pays est confronté à l’une des plus graves crises économiques de son histoire, entraînant la crise politique et sociale dont l’expression la plus inquiétante est l’entrée du parti néonazi, l’Aube dorée, au parlement. Toutefois, le parti radical de gauche Syriza accède au pouvoir en 2015. La population grecque sort exsangue de cette période-là, marquée, en outre, par la crise humanitaire internationale liée à l’arrivée massive de réfugiés du Moyen-Orient sur les côtes grecques. Suite aux élections législatives de 2019, le fils de Constantin Mitsotakis, Kyriakos Mitsotakis, du parti néo-libéral (ND), devient Premier ministre. La vie politique devient à nouveau l’affaire des grandes familles politiques, en partie responsables de la crise.

Par ailleurs, les deux phases du confinement imposé par la pandémie de Covid-19, en 2020 et 2021, auront des conséquences économiques et sociales qui restent encore difficiles à évaluer. Il est donc certain que le malaise social et politique persistera en Grèce et il faut prévoir encore plusieurs années avant d’envisager une réelle sortie de crise.