Espaces protégés
La situation biogéographique du pays lui confère des écosystèmes uniques et des espèces endémiques. Le voyageur sera étonné à la fois de la grande diversité des paysages et du maintien de sa biodiversité. En effet, le relief et les rivières ont contribué à isoler certaines parties du territoire et à conserver leur caractère sauvage. Treize parcs nationaux ont été créés afin de préserver ce patrimoine naturel, mais aussi culturel. En voici une sélection, c’est l’occasion de découvrir des lieux uniques et préservés.
Le parc national Llogara, situé dans le sud du pays. Il vous plongera dans une forêt de conifères dont certains ont gardé une forme typique, ployés par le vent, et vous offrira l’un des plus beaux panoramas sur la Riviera albanaise, où la mer Adriatique rencontre la mer Ionienne.
Le parc national du Mont Dajti, accessible directement depuis un funiculaire de la capitale, permet de belles excursions et de beaux points de vue. Il est d’ailleurs surnommé le « balcon naturel de Tirana ».
Le parc national de Theth, situé au cœur des Alpes dinariques, idéal pour quelques jours de randonnées si vous êtes en quête d’une nature préservée (cascades, rivières et forêts enchanteresses), sans oublier l’accueil des habitants dans le village typique de Theth.
Le parc national de la Lagune de Karavasta : plus grande lagune du pays, elle abrite de nombreuses espèces d’oiseaux.
La réserve naturelle de Kuna-Vaini est un espace naturel d’une grande diversité, entre la mer et l’espace lacustre où vous pourrez admirer les espèces qui peuplent les marais salés, dunes, lacs et plages.
Le parc national de Butrint, à l’extrême sud du pays. Il abrite un site archéologique d’une grande beauté et des chemins à travers une variété de milieux : mers, lagons d’eau salée, rivières. Il fait face à l’île de Corfou.
Le parc national de Lura, plus difficile d’accès et sans doute le plus sauvage : avec ses douze lacs glaciaires, il abrite des milieux naturels remarquables et des paysages à couper le souffle.
Le parc national de la vallée de Valbona, à la frontière avec le Monténégro et dans les Alpes dinariques, vous permettra de découvrir une flore endémique. On y trouve aussi l’épicéa commun et le pin de Bosnie. Sachez qu’il est aussi l’habitat de grands prédateurs : loups gris, ours, lynx.
Des risques naturels et anthropiques
L’Albanie est soumise au risque sismique, du fait des mouvements des plaques tectoniques africaine et eurasienne, et de la microplaque adriatique. Cela aboutit à des tremblements de terre comme celui de novembre 2019, qui fit beaucoup de dégâts matériels et coûta des vies. La vulnérabilité des populations est accentuée par les constructions illégales et l’absence de plan d’urbanisme. Il en va de même du risque d’inondation, aggravé par l’érosion issue de la pression anthropique sur le territoire (déforestation, extraction des sables des rivières). Les pluies torrentielles peuvent engendrer des glissements de terrain. Ce fut le cas en mars 2019. Les autorités du pays ouvrirent les vannes d’un barrage, ce qui provoqua également des inondations dans plusieurs régions du nord du pays. Le changement climatique pourrait aussi aggraver la survenue des événements extrêmes et amplifier l’érosion littorale qui menace directement les constructions humaines, mais aussi les activités de pêche. La moule de Butrint est en effet grandement menacée par le réchauffement climatique. L’avancée de la mer dans certaines franges littorales du pays est aujourd’hui visible à l’œil nu.
La ruée vers « l’or bleu »
La production électrique de l’Albanie est issue de ses centrales hydroélectriques, ce qui en fait une énergie non carbonée et renouvelable. Revers de la médaille, les projets de barrages qui se multiplient menacent la biodiversité, mais aussi les ressources de nombreux habitants et paysans. Des collectifs se mobilisent et militent pour un développement plus soutenable fondé sur des activités telles que le tourisme vert. Un projet qui cristallise l’opposition est celui de la rivière Vjosa, une des dernières rivières sauvages d’Europe, menacée par la construction de 38 barrages. L’ONG EcoAlbania promeut comme alternative une diversification du mix énergétique du pays avec d’autres énergies renouvelables, et l’amélioration du système de distribution, qui génère 30 % de pertes.
Gestion des déchets et politiques environnementales
L’un des enjeux environnementaux les plus importants en matière d’environnement est celui de la gestion des déchets. Les déchets s’accumulent un peu partout, le long des routes, des plages, des cours d’eau. Si la vue de ces déchets peut choquer les voyageurs, sachez que des manifestations et pétitions fleurissent dans le pays pour dénoncer cette situation. L’Albanie autorise l’importation des déchets de pays étrangers, dont la « gestion » est pour partie liée à des organisations mafieuses. D’autre part, il n’y a, dans le pays, aucun système officiel de tri sélectif. Une partie seulement des déchets des collectivités finissent en centres d’enfouissement, le reste n’est pas pris en charge. On estime à une soixantaine le nombre de décharges sauvages, où un commerce informel de tri se met en place, assurant de petits revenus à des chiffonniers. Des initiatives existent, comme celle lancée par le Programme des Nations unies pour le développement, qui vise à sensibiliser aux dangers du rejet des déchets d’huile de cuisine dans la mer. Des campagnes sur la gestion des déchets ou des journées « clean up » à l’école sont organisées, mais ces mesures n’ont pas beaucoup d’impact pour l’instant.
Autre sujet sensible et qui monte en puissance ces dernières années : la pollution de l’air. Elle est due en grande partie au parc automobile vétuste et émetteur de particules fines de diesel. Depuis la fin de la période communiste, le trafic automobile a fortement augmenté, asphyxiant les villes, où la prévalence des maladies respiratoires est en augmentation.
À Tirana, la municipalité s’est attaquée à la question, par l’augmentation de la surface des espaces verts, l’amélioration des infrastructures routières et la promotion du vélo via la mise en place d’un système de location en libre-service. Là encore, des efforts restent à faire !