L’intérieur du musée des Beaux-Arts de Montréal. (c) shutterstock - Maria A. Rodriguez.jpg
Musée archéologique de Montréal © Inspired By Maps - Shutterstock.com.jpg
Fontaine

Premiers temps

Les archéologues situent les premières présences humaines dans les basses-terres du Saint-Laurent au quatrième millénaire avant notre ère. Cependant les vestiges les plus anciens retrouvés sur l’île de Montréal datent de quelques siècles avant la venue d’Europe des premiers explorateurs. Suite aux fouilles menées dans le Vieux-Montréal, le Musée d’archéologie de Pointe-à-Callière a rassemblé des centaines de milliers d’objets et de fragments, permettant de reconstituer l’histoire de Montréal. Toutes les phases d’occupation du territoire sont représentées, de la période préhistorique amérindienne à nos jours. Au fil des expositions se dessine un précieux panorama de tous les pans du quotidien des Montréalais à travers les âges.

Les Premières Nations ont laissé d’innombrables œuvres conservées dans différents lieux éparpillés sur le territoire. A Montréal, les artistes autochtones sont l’apanage du Musée des beaux-arts de Montréal qui se consacre spécialement à la promotion de l’art canadien.

Tradition picturale

Au cours des premiers siècles de l’histoire québécoise, les œuvres picturales sont importées de France par manque d’artistes professionnels nationaux. Les clients les plus aisés traversent l’Atlantique par bateau pour poser devant les peintres français. Peu à peu, un art local émerge en s’inspirant des formes artistiques venues d’Europe. La thématique religieuse domine la peinture jusqu’au début du XIXe siècle. Il est bon de rappeler que la fondation de Montréal est intimement liée à la religion catholique, la « ville aux cent clochers » s’étant développée à partir d’une colonie missionnaire.

Dès le début du XIXe siècle, l’art du portrait a le vent en poupe auprès des particuliers. Un marché de l’art local, favorisé par un climat économique propice, éclot lentement. Les portraitistes confirmés entrent en concurrence dès le milieu du siècle avec la photographie, moins coûteuse. A la même époque, le peintre Paul Kane (1810-1871) illustre la vie des peuples des Premières Nations avec un regard neuf qui frappe les esprits.

Le grand tournant

A la fin du XIXe siècle, l’influence impressionniste, puis expressionniste, se ressent dans le milieu de la création. La naissance du XXe siècle voit s’épanouir un art harmonieux, celui des paysages au charme naïf. Montréal connaît jusqu’au début de la Première Guerre mondiale une période de croissance sans précédent. Après-guerre, la capitale en plein développement acquiert une réputation de ville de tous les plaisirs, d’autant plus appréciée par les Américains durant la Prohibition. Mais en raison du krach de 1929, le chômage frappe durement la population.

C’est dans ce contexte que s’opère un virage décisif initié par le Groupe des Sept. Le bouleversement pictural provient de Toronto, qui se pose alors en rivale de Montréal. Sept peintres paysagistes (Frederick Varley, A. Y. Jackson, Lawren Harris, Frank Johnston, Arthur Lismer, Franklin Carmichael et J. E. H. MacDonald, auxquels on associe l'emblématique Tom Thomson) déterminés à redéfinir l’identité visuelle du pays composent de vastes étendues sauvages. Ces révolutionnaires du pinceau se revendiquent du postimpressionnisme, de l’art publicitaire et de la tradition scandinave. Leur influence s’exercera sur plusieurs générations d’artistes. Dès lors, la peinture canadienne s’impose sur le plan international et s’épanouit au sein des principaux mouvements artistiques. Côté québecois, Marc-Aurèle Fortin (1888-1970) s'illustre lui aussi avec ses paysages ruraux bordant le Saint-Laurent. Le Musée des Beaux-Arts de Montréal présente une large collection de ses œuvres.

Pendant ce temps, le photographe Edgar Gariépy (1881-1956) se spécialise dans les images d’art et d’architecture. Il immortalise l’essor de Montréal sur plusieurs décennies. Sa banque d’images, qui constitue un précieux témoignage de l’histoire de la ville, est conservée au Musée des beaux-arts du Québec.

Le Refus Global

En 1948, le Refus Global, manifeste artistique signé Paul-Émile Borduas, est publié sous le manteau à Montréal par les Automatistes. L’auteur questionne dans ces pages les valeurs de la société québécoise, rejette toute contrainte, et prône la liberté individuelle. Parmi les signataires, des psychiatres, des acteurs, des designers, le peintre et sculpteur Marcel Barbeau, le photographe Maurice Perron, mais aussi Jean-Paul Riopelle. Peintre, graveur et sculpteur, Riopelle (1923-2002) s’installe à Paris en 1947 où il se lie d’amitié avec les surréalistes avant de regagner sa terre natale. C’est en 1958 qu’il entame une carrière de sculpteur. De retour à Paris, il expose ses sculptures et se forme au pastel, à la gravure, au collage ou encore à la céramique. La nature puis les éléments figuratifs occupent une place croissante dans sa démarche créatrice. Son succès se confirmant, il répond à des commandes des deux côtés de l’Atlantique. Entre abstraction et figuration, il aime se renouveler, explorant aussi bien la peinture au pochoir que les bombes aérosol. Le Musée des beaux-arts de Montréal, qui lui a consacré une grande exposition en 2006, conserve plusieurs de ses œuvres : La Roue, Hommage à Grey Owl, Soleil de Minuit ou encore Hibou. Une place à son nom, qui héberge sa fontaine La Joute, a été aménagée en face du Palais des Congrès.

Fusion des arts

A Montréal comme ailleurs, l’art contemporain interroge le sens de l’art en chahutant ses limites. Sujets intimes et questions sociales s’entrechoquent, toutes les libertés picturales coexistent. A l’aube du postmodernisme, les influences arrivent désormais des États-Unis. La technique élargit le champ des possibles : expériences photographiques et technologiques se succèdent. Dans cette effervescence sont fondés Fusion des Arts, à Montréal en 1964, puis Intermedia, en1967, à Vancouver. Deux groupes informels qui abattent les frontières en conjuguant tous les médias disponibles (cinéma, musique, danse, poésie). Les artistes de Fusion, regroupés autour de Richard Lacroix, François Soucy, François Rousseau et Yves Robillard, s’appuient sur le collectif pour produire des happenings et des performances publiques.

Carsonisme

Charles Carson, peintre et sculpteur né à Montréal en 1957, ne se lasse pas d’explorer le monde du visuel. De ses expériences découle le carsonisme, mouvement pictural caractérisé par des touches colorées obliques qui donnent vie à la peinture. Transparence, juxtaposition, différentes méthodes cousines de la mosaïque se recoupent pour suggérer des formes dynamiques, d’où émergent poissons, oiseaux et fleurs dans une lumière vive. Grand favori des collectionneurs, Carson s’inscrit dans la postérité en réconciliant abstraction et figuration. De nos jours, ses œuvres fascinent les spécialistes autant que le public au niveau international.

Hors les murs

La collection du Musée d’art contemporain de Montréal englobe plusieurs milliers d’œuvres, issues de toutes les techniques : vidéo, sculpture, photographie, peinture, installation, œuvre sonore et numérique, dessin. Les sculptures vedettes de Louise Bourgeois partagent l’espace avec les autoportraits légendés de la photographe Raymonde April (née au Canada en 1953), les peintures de Janet Werner (née au Canada en 1959), les photographies troublantes de Chih-Chien Wang (né en 1970 à Taïwan). Citons le travail de Jon Rafman, né à Montréal en 1981, qui associe sculpture, peinture, installation et photographie pour dénoncer la part de la technologie dans le monde actuel.

Une partie de la collection du musée se déploie dans les rues de Montréal afin de faciliter l’accès à l’art à tous les promeneurs. Ainsi qu’en attestent les actions d’Art Souterrain, l’art public, qui s’enrichit continûment, occupe une place de choix au sein du patrimoine montréalais. Dans ce domaine, la ville souterraine s’impose comme un haut lieu de l’art public.

Contrairement à de nombreuses métropoles, le street art à Montréal n’a pas jeté son dévolu sur une zone précise. C’est bien simple, l’art urbain est partout. Mais ouvrez l’œil, car il se niche dans des endroits inattendus : parkings, mobilier urbain, impasses ou cages d’escalier. Un indice pour guider vos promenades ? Direction le Plateau Mont-Royal, entre les stations de métro Sherbrooke et Mont-Royal. De sublimes fresques ornent notamment le boulevard Saint-Laurent, mais pas seulement.

Le charmant quartier de la Petite Italie, là où les premiers immigrants italiens ont posé leurs valises au XIXe siècle, cache lui aussi ses trésors légués par les muralistes. Déambulez entre le parc Jarry, le Marché Jean-Talon et la maison de la culture Claude-Léveillée pour goûter l’ambiance latine.

Sélection de galeries d’art

Pour prendre le pouls de la création contemporaine, rien n’égale une tournée des galeries d’art. Sachez que le Quartier International du vieux Montréal est un peu l’épicentre culturel de la ville. Entre deux galeries, vous tomberez certainement sur des œuvres d’art public.

Non loin du Musée d’art contemporain et de la Place des Arts, la Galerie MX se présente comme un découvreur de talents. Artistes canadiens et internationaux s’exposent entre ses murs.

La Galerie Blanche est ouverte à toutes les techniques pourvu qu’elle flaire le talent. Artistes de tous horizons bienvenus !

Sur le boulevard Saint-Laurent, la Galerie Youn était une galerie virtuelle avant de devenir un lieu physique dévoué à jeter des ponts entre l’art local, national et international.

Les quartiers du Canal réunissent antiquaires, art moderne, artistes confirmés et émergents. Plus précisément, Griffintown est devenu en peu de temps une destination en vogue. L’ancien et le moderne cohabitent dans cette zone qui abrite quantité de galeries d’art. Arpentez les rues William, Ottawa et Notre-Dame Ouest pour découvrir un tourbillon d’ateliers de créateurs et de galeries. Amateurs d’art et curieux se pressent dans ce quartier plein de vie. Centre d’exposition, le Carré des artistes se veut un lieu de rencontres ouvert à tous les moyens d’expression. La Galerie Lisabel ravira quant à elle les fans d’installations. Toujours à Griffintown, le Centre d'art de Montréal se présente comme un centre d’art visuel doté d’ateliers pouvant accueillir 100 artistes membres et de deux galeries d’art : la Galerie William au premier et la Galerie Griffintown au second étage. Qui ne trouverait pas son bonheur ?