18_pro_160084.jpg
shutterstock_249573919.jpg
18_pro_160686.jpg

Un débarquement par mer, terre et dans les airs

La France est sous l’occupation allemande depuis trois ans déjà lorsque le Débarquement est imaginé. Objectif : réaliser une percée sur le front Ouest pour permettre aux Alliés d’affronter l’armée allemande et ainsi soulager l’armée soviétique qui affronte seule les nazis. S’il avait été pensé au départ sur les côtes du Pas-de-Calais, c’est finalement la Normandie qui est retenue afin de prendre par surprise le camp allemand. Dans le plus grand secret, sous le nom de code « opération Neptune », des hommes s’entraînent dans la campagne anglaise. Ils sont fin prêts le 5 juin 1944 pour débarquer sur les plages normandes. Le 5 ? Oui, c’est la date qui est retenue. Mais la météo exécrable qui règne ce jour-là oblige à décaler le « D-Day » au 6 juin. Au petit matin, ce sont 156 000 soldats venus des Etats-Unis, du Canada, d’Angleterre ou d’Australie qui débarquent sur les cinq plages du littoral normand : Juno, Sword, Omaha, Utah et Gold Beach. Un débarquement qui se déroule en plusieurs étapes clés.

Dans les airs d’abord. Afin de garantir la sécurité des soldats alliés qui vont arriver sur les plages, des parachutistes tombent littéralement du ciel entre minuit et une heure du matin sur les communes de Sainte-Mère-Eglise et Ranville. Ce sont les 82e et 101e divisions aéroportées américaines et la 6e division aéroportée britannique qui portent cette incroyable responsabilité. Le soldat américain John Marvin Steele a marqué l’histoire pour être resté accroché au clocher de l’église de Sainte-Mère-Eglise. Cette même nuit du 5 au 6 juin, environ 2 000 bombardiers vont lancer 8 000 tonnes de bombes et autres engins explosifs sur l’artillerie allemande. Au petit matin, avant que ne s’élancent les militaires sur les plages normandes, l’artillerie navale prend le relais. Puis c’est le Débarquement par la mer. Si à Utah Beach, les combats se déroulent « relativement bien », Omaha paye un lourd tribut humain et sera surnommée « Bloody Omaha ». Trois jours plus tard, le 8 juin, les têtes de pont de toutes les plages se rejoignent. L’opération « Overlord » peut commencer.

La Bataille de Normandie

« L’opération Overlord », nom de code de la Bataille de Normandie, a une mission claire : ouvrir un front à l’Ouest pour permettre de libérer la France et l’Europe du joug allemand. Lorsque les dizaines de milliers de soldats s’élancent sur les plages normandes sous le feu des balles allemandes, leur mission est claire : élargir la tête de pont, s’emparer de Caen et du port de Cherbourg. L’objectif dans un deuxième temps étant de libérer la Bretagne et les ports de la façade atlantique d’un côté, et du Havre de l’autre, afin d’élargir ce nouveau front Ouest qui permettra de faire battre en retraite les troupes nazies.

Bayeux est la première ville libérée par les troupes alliées. Ce sont les soldats britanniques qui entrent dans la ville le 7 juin 1944, et ils n’ont même pas besoin d’affronter la garnison allemande qui se rend sans difficulté. Le 14 juin, le général de Gaulle débarque dans Bayeux sous les acclamations de la population. Un épisode heureux qui contraste avec les combats sanglants que doivent affronter les dizaines et dizaines de milliers de soldats de Caen à Cherbourg. Les troupes alliées ont toutes les difficultés du monde à réussir à pénétrer dans la préfecture du Calvados et au total près de 6 semaines d’affrontements seront nécessaires pour réussir à libérer ce haut-lieu stratégique. Caen a un aéroport (Carpiquet), et il serait bien utile aux aviateurs… en attendant, un aéroport provisoire est construit près de Carentan. Plusieurs bombardements ont lieu mais les 1re et 12e division blindées des SS résistent. Finalement, les troupes alliées ont raison de la défense allemande et les troupes canadiennes pénètrent dans la ville le 9 juillet.

La rade de Cherbourg constitue aussi un choix stratégique. Son port en eau profonde attise les convoitises et ce sont les soldats débarqués sur Utah Beach qui ont la lourde tâche de récupérer la ville aux mains des Allemands. Le 21 juin, ils réussissent à cerner par le sud la capitale du Cotentin, entourée de collines qui descendent en amphithéâtre vers la mer. L’assaut est lancé, et 5 jours plus tard, les troupes alliées pénètrent dans Cherbourg. La joie est de courte durée : les SS ont complétement saccagé le port, le rendant inutilisable. Il faudra attendre la mi-août pour qu’il soit à nouveau opérationnel. Ce site tactique deviendra le port du plus actif du monde pendant plusieurs mois.

La percée d’Avranches, baptisée « opération Cobra », le 30 juillet 1944 constitue une nouvelle étape pour les troupes alliées. Après la difficile « bataille des haies », où les soldats piétinent dans le bocage normand et où les allemands profitent de leurs difficultés, cette victoire est la bienvenue. D’autant qu’avec l’ouverture d’Avranches, c’est toute la Bretagne qui va pouvoir être libérée.

Poursuivant leurs avancées, les alliées réussissent à s’emparer de Falaise au mois d’août. Les 5ᵉ et 7ᵉ armées allemandes sont encerclées dans la, désormais célèbre, poche de Chambois. Entre l’Orne et le Calvados, c’est ici que se joue la dernière étape de la Bataille de Normandie. Et aussi la plus sanglante puisque Chambois est surnommée « le couloir de la mort ». Du 12 au 21 août, les combats font rage et l’étau se resserre autour des soldats allemands, désormais pris au piège. 6 000 soldats SS trouvent la mort, 50 000 sont fait prisonniers. Sous la chaleur écrasante, c’est un tel charnier et une telle puanteur que la population est obligée de fuir. Le général américain Eisenhower parle de cet épisode comme « l’une des plus grandes tueries de la guerre ».

Malgré d’âpres combats et de nombreuses pertes humaines, la bataille de Normandie est - au bout de 100 jours - remportée par les Alliés. Ces affrontements permettent de libérer Alençon le 12 août, Honfleur le 25 août, Rouen le 30 août. Le Havre est la dernière ville de Normandie à être libérée le 12 septembre.

Pour mener à bien leurs objectifs, les Alliés n’ont pas eu d’autre choix que de bombarder tous les dispositifs militaires des armées nazies. Et la région en conservera pour toujours les stigmates. A l’été 1944, certaines villes ont presque été rasées de la carte. Saint-Lô, Falaise ou Lisieux sont détruites à plus de 75 %, Le Havre à 80 %, et Vire à 95 % ! La population civile a aussi payé un lourd tribut. On estime à environ 20 000 les nombre de personnes qui ont perdu la vie lors de ces combats. Le nombre de soldats alliés et allemands tués est évalué à 70 000.

Des lieux de mémoires

Plusieurs lieux de mémoire vous permettent de revivre cette incroyable épopée que représentent le Débarquement et la bataille de Normandie qui s’en est suivie.

A Arromanches, un musée est entièrement consacré au « D-Day ». Construit sur le site même où fut édifié le pont artificiel, dont il reste des vestiges, le musée retrace les grandes étapes du Débarquement et recontextualise son déroulement. Premier site mémoriel à avoir ouvert en 1954, sa scénographie met en scène maquettes, animations 3 D et film. Un autre lieu mérite le détour : le cinéma circulaire Arromanches 360 qui vous plonge au cœur de la bataille via des images d’archives inédites.

Sur le site de la Pointe du Hoc, à Cricqueville-en-Bessin, marchez dans l’Histoire. Lieu stratégique fortifié par les troupes allemandes, il est attaqué au matin du 6 juin 1944 par 225 rangers. Le lendemain, ils ne sont plus que 90 à être en état de se battre Aujourd’hui accessible en visite libre, il permet de se rendre compte de l’incroyable épopée qu’a représenté sa prise par les alliés. Poste de direction de tirs, blockhaus… les cratères des bombardements sont autant de témoignages des terribles affrontements.

A Caen, le Mémorial est un site incontournable pour découvrir toute l’histoire de la bataille de Normandie et plus largement de la Seconde Guerre mondiale. A travers des parcours extrêmement bien documentés, riches d’objets et d’images d’archives, plongez dans les affres de ce conflit mondial et des affrontements qui ont marqué à jamais l’Histoire de la Normandie. Outre l’aspect militaire et stratégique, des photographies avant-après saisissantes témoignent de la destruction des villes normandes par les bombardements et on découvre aussi le quotidien des civils normands pour qui l’arrivée des alliés n’a pas été que joie et soulagement. Eux aussi ont payé un lourd tribut à la libération.

Des croix blanches à n’en plus finir s’étendent sur le cimetière américain de Colleville-sur-Mer. Au total, le site rassemble 9 387 tombes de soldats venus combattre loin de chez eux et qui sont morts pour la liberté. Le lieu, forcement empreint d’émotions, rend hommage à leur courage.

Mémoire d’Albâtre, site du Pont rouge, offre l’occasion de découvrir ce pan de l’Histoire qui marqué la Normandie à travers un sentier découverte qui serpente la falaise. Sur environ 1 kilomètre, entre bunkers et tranchées, découvrez des espaces thématiques notamment dédiés à l’Histoire de ce point d’appui SS et le vécu de l’occupation allemande sur le territoire.

Entre Chambois et Vimoutiers, le mémorial Coudehard-Montormel se situe à l’endroit exact où se sont déroulés les combats sanglants du dernier acte de la bataille de Normandie. C’est ici, entre le 18 et le 22 août que la débâcle sonne pour les Allemands. L’espace scénographique explique et décrit ce qu’ont représenté ces combats dans l’issue même de la Seconde Guerre mondiale. Le général Montgomery définissant le lieu comme « le commencement de la fin de la guerre ».

Dans la Manche, les musées sont également nombreux, à commencer par l'Airborne Museum de Sainte-Mère-Eglise, le musée du débarquement d'Utah-Beach ou le Normandy Victory Museum de Carentan.

Le tout nouveau Mémorial britannique de Ver-sur-Mer a été ouvert le 6 juin 2021. Ce lieu de mémoire qui, c’est tout un symbole, fait face à la mer rend hommage aux militaires qui ont perdu la vie sous le commandement britannique lors de la bataille de Normandie. Les noms de plus de 22 000 soldats sont gravés dans la pierre.