Guide de voyage
Saint-Helier
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La principale ville de Jersey doit son nom à un moine ermite belge du VIe siècle, qui vivait sur un îlot rocheux non loin de l'actuel Elizabeth Castle. Au XIVe siècle, Saint-Hélier était la plus petite paroisse de l'île après Saint-Saviour, Saint-Martin, Saint-Ouen, Grouville et Trinity. Le gouverneur habitait le château de Mont Orgueil à Gorey, sur la côte est de l'île, et les commerçants débarquaient leurs marchandises à Saint-Aubin, de l'autre côté de la baie. Saint-Hélier n'était donc absolument pas considéré comme une ville stratégique. Ce sont d'abord des moines qui s'y sont installés. Le roi leur accorda l'autorisation d'y créer un marché, et de nombreux paysans vinrent y vendre leurs produits. Des tavernes et d'autres petits commerces s'y installèrent à leur tour et, de fil en aiguille, on jugea bon d'y installer la Royal Court où juges, avocats et autres personnages officiels régissaient les transactions commerciales. Au XVIe siècle, les progrès techniques en matière d'artillerie rendirent le château de Mont Orgueil extrêmement vulnérable. Les îliens décidèrent alors de construire une nouvelle forteresse bien plus moderne face à Saint-Hélier - l'actuel château Elizabeth - qu'ils dédièrent à la reine Elizabeth Ire.
Le gouverneur, sir Walter Raleigh, en fit sa nouvelle résidence. Jusqu'au XVIIe siècle, Saint-Hélier ne comptait guère qu'un peu plus de deux cents maisons. Au XVIIIe siècle, la ville dut faire face à une arrivée massive de Français : des huguenots fuyant une nouvelle répression du pouvoir catholique, puis une déferlante d'aristocrates menacés par la Révolution de 1789. Nombre d'Anglais, lassés des impôts prélevés pour faire face aux guerres napoléoniennes, s'y installèrent, eux aussi, avec leur famille pour goûter une vie plus confortable. Enfin, la ville fut occupée par des soldats britanniques pour parer à une éventuelle invasion française.
La mise en place d'une liaison par bateau à vapeur entre l'Angleterre et Jersey apporta un flux toujours plus important d'anglophones. Les francophones de l'île, alors majoritaires, apprirent très rapidement l'anglais pour satisfaire leurs nouveaux clients et, peu à peu, la langue locale tomba en désuétude. Ainsi, les mots " livres tournois ", " sous " et " liards ", par exemple, furent remplacés par les mots anglais " one of pounds ", " shillings " et " pence ". En 1734, la ville comptait 2 000 âmes, 8 000 en 1800, 16 000 en 1831, 30 000 en 1851, soit à peu près sa population actuelle. Une vingtaine d'églises, de chapelles et de temples furent construits pour répondre aux attentes de chaque communauté religieuse : anglicans, catholiques romains, quakers, méthodistes, mormons et juifs. Plusieurs marchés virent le jour aux quatre coins de la ville : le marché aux cochons, le marché aux poissons ou le marché aux légumes. Town Hall abritait à l'époque, au rez-de-chaussée, la caserne de police et les bureaux municipaux avec, à l'étage, une salle de réunion. Peu à peu, Saint-Helier s'est agrandie pour devenir la capitale de l'île que l'on connaît aujourd'hui. Malgré des mesures sévères pour contrôler et prévenir toute nouvelle arrivée d'immigrés, la ville s'étend encore et empiète toujours plus sur les paroisses avoisinantes. Mais les autorités de Jersey cherchent à enrayer le phénomène en protégeant les terres voisines. Pour compenser cette absence de terres disponibles, la ville gagne sur la mer (et pas toujours dans de jolies proportions), comme en témoignent les nouveaux immeubles du Waterfront, bien trop modernes pour pouvoir se fondre dans le paysage.
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