Histoire de la Martinique
Selon l’anthropologue Thierry Létang : « Quatre mille ans avant Jésus-Christ, c’est l’époque où les Grandes Antilles voient l’arrivée de populations archaïques venues de la péninsule du Yucatan. Trois mille ans avant Jésus-Christ, d’autres populations archaïques arrivent aux Petites Antilles depuis les côtes du Venezuela. Des vagues successives d’horticulteurs et de céramistes en provenance du bassin de l’Orénoque et parlant une langue appartenant au groupe linguistique arawak, s’installent progressivement aux Petites puis aux Grandes Antilles, cinq cents ans avant Jésus-Christ. Moins d’un siècle précédant l’arrivée de Christophe Colomb, les Petites Antilles sont investies par des guerriers Kalinas venus des côtes des Guyanes et du Venezuela qui imposent aux populations locales de langue arawak, une nouvelle vision du monde et un autre type d’organisation socio-politique.
Lorsque Christophe Colomb débarque en 1492 aux Antilles, il trouve l’Archipel divisé en deux grands blocs sociopolitiques constitués des Grandes Antilles appartenant au complexe Taïno-Arawaks et des Petites Antilles appartenant à l’ensemble Kalinago. Alors que les conquistadores espagnols conquièrent rapidement les Grandes Antilles, ils ne parviendront jamais à conquérir les îles des Petites Antilles se trouvant entre Porto-Rico et Trinidad. Ce n’est qu’en 1625 que d’anciens pirates français et anglais se faisant planteurs de tabac parviendront conjointement à coloniser la petite île de Saint Kitts (Saint Christophe) à partir de laquelle, dix ans plus tard en 1635 les Français s’installeront en Guadeloupe et en Martinique. »
Peuplement des Amérindiens à nos jours
La cohabitation entre les nouveaux occupants, les colons français, et les Kalinagos qu’ils appelleront les Caraïbes, se caractérise par des périodes d’ententes et d’autres beaucoup plus hostiles et sanglantes. À la fin du XVIIe siècle, les Caraïbes sans cesse en conflit avec les arrivants quittent l’île. Les colons installés y développent la culture de l’indigo, du café, du tabac, puis de la canne à sucre, sur la base du commerce triangulaire (Europe-Afrique-Amérique-Europe) et donc de la traite négrière et de l’esclavage.
À partir de 1635, sur fond de rivalité entre les puissances maritimes et européennes, la Martinique devient un très bon « filon » pour les colonisateurs par ses produits de qualité notamment le café de l’île et le tabac de Macouba particulièrement réputé certes, mais surtout parce qu’elle est une importante base stratégique dans la région.
En 1794, la Martinique sera conquise par les Anglais qui abolissent l’esclavage sur son sol. Récupérée de nouveau par les Français à la suite du Traité d’Amiens de 1803, Napoléon va y rétablir l’esclavage. Ainsi, durant deux siècles le système esclavagiste va s’imposer. Mais, les esclavagisés, ainsi que les gens de couleurs libres qui se sont associés à l’action des abolitionistes français vont aboutir enfin à l’abolition conquise après l’insurrection des Noirs le 22 mai 1848, jour de la libération des esclaves, gagnée de haute lutte, date devenue depuis mémorable, reconnue et fêtée partout dans l’île aujourd’hui.
Durant la guerre de 1914-1918, 23 000 Antillais et Guyanais, sans oublier ceux qui sont partis par le biais de la clandestinité dite dissidence, sont partis se battre en Europe. En 1938 par une résolution unanime, la Martinique réclame son assimilation en département français. Elle le deviendra le 19 mars 1946 par le texte de loi adopté après les débats au Parlement. En 1982 elle est érigée en région monodépartementale. En 2010, les Martiniquais et Martiniquaises adoptent une collectivité unique après référendum, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) remplace depuis le Conseil Général et Régional.