Histoire du cinéma à la Réunion
Il faut remonter au 18 décembre 1896 et à un personnage en particulier, le peintre François Cudenet, pour voir le cinéma apparaître sur l’île de la Réunion. C’est lui qui met en place les premières projections des films des frères Lumière à Saint-Denis. Au début de l’année suivante, il se balade en compagnie de son appareil de projection Mendel pour faire profiter les habitants vivant aux quatre coins de l’île des joies du cinéma. C’est ensuite Marius Rubellin qui se promènera sur l’ensemble du territoire pour continuer à diffuser des films aux spectateurs, cette fois-ci équipé d’un appareil Lumière. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le public s’est très vite emballé et que le succès a été au rendez-vous. Pour preuve, la Réunion assiste à l’inauguration de la première salle de cinéma à Saint-Denis en 1905, nommée Le Casino. Elle projette alors des films muets. Quelques années plus tard, en 1936, c’est le cinéma Cristal qui est ouvert par Armand Moreau, cette fois-ci dans la commune de Saint-Benoît. On ne peut parler des premières salles de cinéma réunionnaises sans mentionner Le Rio, ouvert en 1957 sous la houlette de Mario Hoarau et dont on dit qu’il fut le premier cinéma à avoir une enseigne clignotante. À l’époque, l’ambiance dans les cinémas est très particulière, et là où nous sommes habitués au silence pendant les projections en métropole, les Réunionnais sont de leur côté très actifs durant le film. Ils n’hésitent pas à s’exclamer, à donner leur opinion, à interpeller les personnages. Sur l’île, le cinéma est davantage considéré comme un lieu de divertissement, et moins comme une pratique culturelle et artistique.
Il faut aussi souligner une autre situation singulière de la Réunion vis-à-vis du cinéma. En effet, la grande majorité des cinémas réunionnais appartiennent dans un premier temps à la société Investissement commerce et cinéma (ICC), dont le créateur est Kasimir Drotkowski. Cet opérateur, qui est aussi une entreprise familiale, est alors à la tête de plusieurs salles dans l’océan Indien. Ce monopole s’explique non seulement par l’éloignement géographique, mais aussi par le fait que le Centre nationale de la cinématographie qui définit un cadre pour les activités en lien avec le cinéma en métropole ne s’est pas implanté sur l’île. La diffusion des films dépend en grande partie de la décision des propriétaires de salles. Il faut attendre 1998 pour voir d’autres opérateurs comme Mauréfilms concurrencer la société Investissement commerce et cinéma. Par la suite, l’industrie du cinéma s’est modernisée à la Réunion, et il existe aujourd’hui des multiplexes qui permettent aux Réunionnais de voir des films juste après leur projection dans les salles de métropole. Bien entendu, l’arrivée des multiplexes dans les périphéries ne s’est pas faite sans dommages collatéraux pour les petites salles des centres-ville, qui voient fermer leurs portes dès lors qu’elles ne sont plus rentables. Le premier multiplexe à avoir été construit à la Réunion date de 2005 et porte le nom de Ciné de Cambaie. Il se trouve à Saint-Paul.Films, documentaires et séries tournés à la Réunion
Parmi les dates clés, il faut retenir ce fameux mois de décembre 1930, au cours duquel le jeune André Albany tourne un film sur le piton de la Fournaise accompagné de neuf de ses amis. L’idée est alors de faire la promotion de l’île à l’occasion de l’Exposition coloniale de Vincennes l’année suivante. Si la météo est alors exécrable en raison d’un cyclone qui approche, l’équipe reviendra tout de même avec dans son sac la première vue panoramique du volcan jamais filmée. En 1963, c’est le documentaire Sucre amer de Yann Le Masson qui fait parler de lui. Il met en scène les abus commis lors du processus électoral qui voit Michel Debré devenir député la même année. Le volcan, comme de nombreux autres paysages de la Réunion, offre par ailleurs un décor exceptionnel pour le tournage de films. Ainsi, c’est accompagné de pointures du cinéma français telles que Jean-Paul Belmondo et Catherine Deneuve que François Truffaut arrive sur l’île en 1969 pour tourner La Sirène du Mississippi. Presque vingt ans plus tard, en 1986, les décors paradisiaques de l’île attirent le réalisateur Valérian Borowczyk pour tourner le cinquième volet d’Emmanuelle, jugeant l’ambiance tropicale propice à des mises en scène érotiques.
Depuis les années 2000, les tournages se succèdent et la Réunion est devenue un territoire d’accueil pour diverses productions. En 2006, c’est la série Les Secrets du volcan qui y est tournée, ou plus récemment, en 2019, des courts-métrages tels que Baba sifon de Laurent Pantaléon et Blaké, de Vincent Fontano. En 2020, si le film Terrible jungle d’Hugo Benamozig et David Caviglioli met en scène des personnages au cœur de l’Amazonie, c’est bien à la Réunion que le film a été tourné.
Côté cinéma réunionnais pur, il se compose majoritairement de courts-métrages tels que Visage forestier de Moulin en 1954 et Les Chapeaux de Donnadieu. C’est seulement en 1978 que sera tourné le premier long-métrage réunionnais, il s’agit du film Le Moutardier du peintre et poète Alexis Alatirseff.La Réunion, une terre de festivals cinématographiques
Signe que le cinéma fait entièrement partie de la vie culturelle réunionnaise, de nombreux festivals de cinéma ont lieu dans diverses communes de l’île, toute l’année. Citons par exemple le festival du Film d’aventure de la Réunion (www.auboutdureve.fr) qui a lieu en mai et qui prend place dans plusieurs communes, à Saint-Gilles, Saint-Denis, au Tampon et à Mafate, le festival international du Film d’Afrique et des îles, en octobre au Port, le festival de l'Image sous-marine en juin sur la côte ouest de la Réunion, le festival du Film scientifique (www.sciences-reunion.net), en avril-mai, et enfin le festival Même pas peur (www.festivalmemepaspeur.com) en février à Saint-Philippe.