Entre 2000 et 1800 av. J.-C
Les premiers alignements de monolithes et de grands dolmens apparaissent, c’est le début de la statuaire monumentale. Tout le territoire est occupé, aussi bien les côtes que les zones montagneuses de l’intérieur, mais les peuplades sont divisées en petits groupes dispersés.
Entre 1500 et 1300 av. J.-C
La Corse entre dans la Protohistoire. La culture des torre et des castelli se développe avec les Torréens. On voit apparaître les premières statues-menhirs armées.
Vers 1000 av. J.-C
C’est l’âge de fer corse, aussi caractérisé par la sédentarité des populations. L’agriculture se développe. On constate des interpénétrations entre la Corse et l’Italie du Nord. Les Phéniciens commencent à se mélanger avec les populations corses.
Vers 600 av. J.-C
Arrivée des Grecs de Phocée en Corse et fondation d’Alalia (actuelle Aleria) sur la côte orientale. Elle reste la capitale économique de l’île durant deux siècles avec successivement les Étrusques, les Carthaginois, les Phéniciens puis les Romains.
453-452 av. J.-C
Les Syracusains prennent pied au Portus Syracusanus dans la baie de Porto-Vecchio.
264 av. J.-C
La première guerre punique, entre Rome et Carthage, précipite le destin de la Corse alors que Rome décide l’invasion.
146 av. J.-C à 340
La défaite de Carthage puis la conquête de la Gaule et l’avènement de Cicéron à Rome sonnent l’heure d’une colonisation durable de la Corse. Sous Jules César les colons d’Italie, de Provence et d’Orient s’installent sur le territoire. Les activités industrielles, le commerce, l’art et l’artisanat sont florissants.
340
La guerre civile à Rome en 340 suivie de la chute de l’Empire d’Occident en 364, contribuent à l’effondrement de la conjoncture. L’Empire écroulé, la Corse passe aux mains de l’Église qui s’est immiscée dans la population dès le début de l’ère chrétienne. Seule puissance économique et sociale à même de protéger l’île des invasions barbares, elle s’empare de l’héritage romain.
713
Les premiers Maures débarquent en Corse en 713, sous la poussée des conquêtes islamiques.
768
Après la mort de Pépin le Bref en 768, la Corse est quasiment sans protection. Le pouvoir sur place, partagé entre notables locaux, marquis de Toscane et évêques, est insuffisant pour lutter contre les raids sarrasins ou barbaresques qui sévissent pendant deux siècles (pillages, esclavage, etc.)
1133
Un partage de la Corse a lieu pour mettre fin à ces luttes fatales. Pise conserve les évêchés d’Ajaccio, d’Aléria et de Sagone, Gênes reçoit celles de Mariana et de Nebbio (Saint-Florent).
XIIe siècle
La reprise du conflit entre Rome et l’Empire au XIIe siècle attise la rivalité entre Pise et Gênes. C’est le début de la domination pisane : les moines s’installent, les monastères romans – dont il reste aujourd’hui des vestiges – s’élèvent. Mais la reprise du conflit entre Rome et l’Empire attise la rivalité entre Pise et Gênes. C’est à cette époque que les seigneuries locales, familles puissantes à la clientèle féodale développée, émergent et tentent d’obtenir une conciliation avec Gênes.
1284
La défaite de Pise à Meloria permet à sa rivale d’asseoir sa domination, scellée par la paix de 1299.
1358 et 1366
Les Génois font face à plusieurs révoltes populaires, qui mettent l’île à feu et à sang.
1420
Le roi Alphonse d’Aragon entreprend le siège de Bonifacio puis de Calvi, en vain.
1453
La commune de Gênes place l’administration de l’île sous la tutelle de la Banque de Saint-Georges. Les banquiers accomplissent en Corse un grand travail de défense (citadelles, tours, forts, bastions). La Banque installée, la Corse tente de se libérer de cette tutelle italienne.
XVIe siècle
Au cours du XVIe siècle, le héros de la Corse libre, Sampiero Corso, décide de bouter les Génois hors du territoire. Avec l’aide du roi de France Charles VIII puis de Louis XII, il y parvient.
1559
Mais à son avènement, le roi Henri II revient sur cette décision : la Corse se voit contrainte de renoncer à ses prétentions indépendantistes. On assiste également à l’agonie de la féodalité, à l’émergence des notables locaux, à l’essor du pouvoir des villes.
1729
L’insurrection des Corses contre Gênes reprend pour quarante ans. Une série d’évènements politiques place l’île au cœur d’enjeux de pouvoir européens, impliquant Génois, Français et Espagnols d’un côté, Anglais, Autrichiens et Sardes de l’autre.
1755
Pascal (ou Pasquale) Paoli, démocrate, se rend à l'Assemblée pour prendre la tête de l'insurrection pour l'indépendance de la Corse. Il est élu général en chef de la Nation corse. Il est le premier à donner le droit de vote aux femmes, à créer une université, à battre monnaie, etc.
1768
Finalement, l’affaire corse se solde par une conquête militaire française. Le 13 juin, Paoli renonce à la lutte et s’embarque à Porto-Vecchio. Dès lors, la Corse perd son indépendance et les citoyens de sa démocratie deviennent sujets de Louis XV.
1769
Le 15 août, Napoléon Bonaparte naît à Ajaccio. Âgé de 9 ans, Napoléon quitte l'île et est admis à l’école militaire de Brienne-le-Château. A 23 ans, il se fait élire lieutenant-colonel de la Garde nationale corse. Les désaccords entre Paoli et Bonaparte s'accentuent et en 1793, Napoléon doit quitter l'île, à destination de la France continentale. Trois ans plus tard, il épouse Joséphine de Beauharnais et devient général en chef de l’armée d’Italie. Retour triomphal de la campagne d’Egypte en 1799, Bonaparte devient Premier Consul. Disposant des larges pouvoirs que lui confère la nouvelle Constitution (qu'il s'est façonnée), il entreprend la réorganisation du pays : 1800, création du corps préfectoral et de la Banque de France ; 1801, Concordat ; 1802, Légion d'honneur ; 1803, Franc germinal ; 1804, Code civil. Napoléon est proclamé empereur des Français sous le nom de Napoléon 1er, et est sacré par le pape Pie VII en 1804 en la cathédrale Notre-Dame de Paris. Napoléon dote la France d'Institutions solides : création de l'Université, des conseils de prud'hommes (1806), de la Cour des comptes (1807). Sous son impulsion, routes, ponts et canaux sont créés. L'Europe entière reforme alors une nouvelle coalition qui mettra un terme définitif à sa carrière. Suite à la défaite de son armée à Waterloo le 18 juin 1815, il abdique le 22 juin, est exilé à Sainte-Hélène où il meurt le 5 mai 1821. Sur la demande du roi Louis-Philippe, les cendres de l'Empereur sont restituées à la France en 1840 et déposées aux Invalides.
1790
Après un exil de vingt ans, Paoli se rallie à la Révolution française. Rappelé en 1790 dans sa patrie, devenue un département français, il est accueilli triomphalement par la population et élu président du directoire départemental.
1792
Le 11 septembre, il est promu au grade de lieutenant-général. Au cours de la Révolution, la Corse ne participe pas activement aux évènements. Elle connaît des désordres comme dans de nombreuses provinces françaises, mais rien de notable.
1798
Révolte de la Crocetta, soulèvement quasi général qui entraîne plusieurs batailles, au terme desquelles les Corses sont défaits.
1852 à 1857
Jacques-Pierre Charles Abbatucci est nommé sénateur et conseiller officiel de Napoléon III, qui le charge des affaires de la Corse. À ce titre, il est à l'origine de plusieurs travaux de modernisation de l'île sous le second Empire (création de plus de 2 000 km de routes, installation du télégraphe et du premier courrier maritime postal, aménagement des ports de Bastia et d'Ajaccio, création de l’école normale d’institutrices, ouverture d’une Caisse d’Epargne à Ajaccio, construction des palais de justice de Bastia et d'Ajaccio, etc.)
1870
Terre des exilés italiens et des bonapartistes, la Corse reste agitée tout au long du XIXe par des mouvements indépendantistes. La chute de Napoléon III conduit à ce que le peuple corse rejette de nouveau son appartenance à la France.
1914 à 1918
Lorsque survient la Première Guerre mondiale, la Corse s’apprête à payer un lourd tribut à son appartenance à la République. Le bilan humain de la guerre est terrible, et la grippe espagnole de 1918 aggrave la situation. Tout manque, des produits alimentaires aux matières premières, en passant par les sources d’énergie.
1920 à 1939
La politique de francisation des années 1920-1939 prétend réduire, voire interdire l’usage de la langue corse. C’est l’époque du banditisme et des indépendantistes insurgés pour l’honneur (Romanetti, François Caviglioli, Joseph Bartoli, André Spada). Une psychose s’installe, la population étant tantôt terrorisée, tantôt complice.
1931
Le gouvernement français expédie une armée de blindés sur la côte, une action violente de « nettoyage du maquis » qui est jugée sévèrement par le peuple corse.
1939
La Seconde Guerre mondiale éclate, elle replace la Corse au centre des enjeux internationaux : l’Italie mussolinienne laisse entendre que l’île fait partie de son espace vital.
1940
La Corse se voit placée dans la zone libre et l’opinion corse suit l’opinion continentale. François Pietri devient membre du gouvernement de Vichy quand d’autres écoutent «Radio Londres». La faiblesse de Pétain et de son gouvernement ne garantissant pas les Corses d’une annexion par l’Italie, on lui fait de moins en moins confiance.
1942
Les Italiens occupent la Corse lorsque les alliés débarquent en Afrique du Nord et que les Allemands envahissent la zone libre.
1943
Le 9 septembre, le peuple corse se soulève et se libère : c’est le premier département français libéré, bien avant la Normandie !
1944
À Ajaccio, le « Front national » prend le pouvoir et nomme un Conseil de préfecture. Mais ceci ne libère pas l’ensemble du territoire. Lors de l’armistice avec l’Italie, le 8 septembre 1944, l’ordre de soulèvement général est lancé par Colonna d’Istria. L’opération « Vésuve » est couronnée de succès le 3 octobre, ouvrant la porte d’une réussite politique.
1945
Gaullistes et communistes du « Front » s’opposent pour la domination politique de l’île. Aux élections de 1945, le « Front » remporte 189 municipalités. Effacés de la scène politique l’an suivant, les gaullistes laissent aux radicaux-socialistes le soin de barrer la route aux communistes.
1957
À partir de 1957 et encore davantage suite à l’indépendance de l’Algérie en 1962, 15 000 à 20 000 rapatriés venus d'Afrique du Nord s’installent en Corse et sont reçus avec plus ou moins d’enthousiasme. Inspiré du mouvement algérien, l’indépendantisme va renaître dès 1958.
1963
À Paris, est créée «l’Union Corse».
1968
Alors qu’en 1968 une effervescence traverse la France et le monde, il en est de même en Corse. Les plastiquages se multiplient tandis que les manifestations deviennent violentes.
1970
Jacques Chaban-Delmas place la Corse sous le statut de région économique. Ce n’est pas suffisant pour calmer les esprits, la lutte a désormais un but : l’autonomie.
1975
Le 21 août, un commando de vingt hommes, conduit par Edmond Simeoni, occupe la cave d’un rapatrié à Aléria. Deux militaires sont tués et Simeoni est fait prisonnier au terme d’un assaut éclair. Des émeutes éclatent à Bastia. Paris tente de calmer le jeu par des mesures économiques, en vain.
1976
Le FLNC (Front de libération nationale de la Corse) reprend le flambeau de l’ARC en critiquant ses méthodes trop conciliantes.
1982
Les indépendantistes entrent à l’Assemblée de Corse. Le malaise s’accroît, à tous les niveaux et pour longtemps.
1998
La crise éclate avec l’assassinat du préfet Erignac par le mouvement clandestin Sampieru. Des manifestations contre la violence s'ensuivent à Ajaccio et Bastia. Le climat politique est marqué par des attentats récurrents jusqu’au début des années 2000.
2000 à aujourd’hui
Un effort de renouveau et d’apaisement est notable depuis une vingtaine d’années, les velléités indépendantistes et autonomistes passent davantage par la voie démocratique, ce qui ne doit cependant pas éclipser la complexité du « cas corse » et les frustrations encore présentes. Depuis le 17 décembre 2015, l’autonomiste Gilles Siméoni est président du Conseil exécutif de Corse.