CHÂTEAU D'AZAY-LE-RIDEAU

Bâti sur pilotis sur une île de l'Indre, ce château édifié de 1518 à 1527 a aujourd'hui retrouvé toute la magnificence de son architecture qui résume le nouvel idéal de la Renaissance. Impossible de ne pas tomber sous le charme d'Azay-le-Rideau, l'un des plus beaux et plus célèbres châteaux de la Loire, dont la taille est pourtant assez modeste (pour un château de l'époque, entendons-nous bien !). Acquis par l'Etat en 1905, il figure au classement des monuments historiques depuis 1914. Ses tourelles, sa façade de style néo-Renaissance qui se reflète dans l'Indre, sont l'expression d'un esprit romantique et bucolique à souhait. C'est peut-être Balzac, tombé lui aussi sous le charme du château, qui en parle le mieux dans son roman Le Lys dans la vallée : « En gravissant une crête j’admirai pour la première fois le château d’Azay, diamant taillé à facettes serti par l’Indre monté sur des pilotis masqués de fleurs ».

Le château a été bâti sous le règne de François I^er, au cœur d'un domaine où se tenait déjà une forteresse édifiée au XII^e siècle. Le propriétaire des lieux, Gilles Berthelot, financier de François I^er, fait abattre une partie de la forteresse médiévale pour ériger un château au goût du jour et à la hauteur de sa réussite. En son absence, c'est son épouse, Philippe Lesbahy, qui supervise la construction de l'édifice et s'occupe de la gestion financière du chantier. L'architecture du château incarne la première Renaissance française. Ponctuées de tours, les deux ailes en équerre présentent une alliance parfaite d'éléments traditionnels et de traits empruntés à l'art italien. Le château est exceptionnel à plus d'un titre. Il doit son raffinement et son élégance au fait que les évolutions architecturales qu'il a connues au cours de ses cinq siècles d'existence ont été réalisées de manière harmonieuse, sans superposition ou mélange de styles architecturaux comme cela peut-être le cas dans d'autres châteaux.

Comme à Chambord, l'escalier est une des pièces maîtresses du site, puisque c'est l'un des premiers escaliers à rampe droite construits en France. La salle de billard et les salons du rez-de-chaussée rivalisent d'élégance avec la Grande Salle et les appartements du premier étage. Une visite de la chambre Renaissance est un incontournable absolu. Jadis occupée par Philippe Lesbahy, la femme de Berthelot, elle conserve sa distribution d'origine et a été reconstituée pour retrouver son apparence du début du XVI^e siècle. Ce qui fait la particularité de cette chambre, ce sont les nattes de jonc tressé qui tapissent entièrement les murs, et qui permettaient à l'époque d'isoler du froid. On leur prêtait également des vertus thérapeutiques. Si le tressage du jonc est une technique très courante au XVI^e siècle (les murs du château en étaient recouverts pendant la Renaissance), c'est un savoir-faire qui a quasiment disparu ; et Azay-le-Rideau est le seul monument à avoir ce décor aujourd'hui en France. On prendra aussi le temps d'observer les combles et la charpente, comme un immense vaisseau de chêne et de cèdre pour soutenir l'édifice. Du mobilier et des éléments décoratifs ont également été ajoutés pour plonger les visiteurs dans le passé, contrastant avec les œuvres d'art contemporain à l'étage. La salle du pressoir, située à l'entrée du domaine, est aujourd'hui transformée en espace d'introduction grâce à des outils numériques interactifs et ludiques. Idéal pour aborder la visite sans crainte de s'ennuyer, avec toutes les clés en main pour apprécier ce bijou de la Renaissance.

La découverte du château n'est pas complète sans la visite des jardins. Le monument est installé dans un parc de 8 hectares, petit écrin de verdure au paysage singulier et incroyablement romantique. Comme le château, le jardin est classé monument historique pour sa belle collection d'arbres, dont certains sont bicentenaires. Le parc offre une balade bucolique autour du monument. On prend le temps d'y observer une faune et une flore d'une incroyable richesse. Le jardin comprend aussi un potager, qui est une fidèle reproduction du potager de la famille Biencourt, propriétaire des lieux pendant quatre générations, entre 1791 et 1882. Les jardiniers y plantent des variétés de légumes anciens et oubliés, souvent introuvables aujourd'hui, qui poussaient dans la région au XIX^e siècle.

Après trois ans de travaux, le château d'Azay-le-Rideau s'est défait de ses échafaudages en 2017. Une renaissance attendue et nécessaire, qui a notamment permis le nettoyage intégral des façades en tuffeau, pierre blanche et poreuse de la région. Tendre et facile à sculpter, cette pierre a favorisé l'essor du style architectural du château. Mais au début du XX^e siècle, lorsque la famille Biencourt entreprend une première grande restauration d'Azay-le-Rideau, les ouvriers ont recours au plâtre pour imiter le tuffeau. Une utilisation qui s'est avérée nocive, c'est pourquoi il a fallu, grâce à des techniques modernes, nettoyer les façades pour leur faire retrouver leur matière d'origine. Le chantier a également porté sur les charpentes, les menuiseries, les sculptures et les parties hautes de la maçonnerie. Avant ce vaste projet de restauration, le château était soumis aux dégâts liés aux intempéries, notamment infiltration et humidité. La restauration des façades et des toitures s'est accompagnée d'une réorganisation des jardins et de la rénovation des intérieurs. Les cuisines, aussi, ont retrouvé leur lustre d'antan sous de superbes voûtes ogivales.